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Le paiement par mobile constitue un des principaux thèmes du pôle TES. Où en sont les expérimentations dans ce domaine ?
JEAN-PIERRE LE COUEDIC : Ce temps est révolu. Nous nous situons dans une phase industrielle, sur un marche colossal ! Durant les cinq dernières années, nous avons façonné les technologies, appris à développer les synergies entre grands groupes, petites et moyennes entreprises et laboratoires de recherche. La présidence qui m’a été confiée est axée sur le déploiement des usages, moteur de l’industrialisation. J’ai œuvré dix ans dans I’innovation des télécoms, puis dix ans encore dans celle d’internet. L’ère du paiement par mobile connaît la même explosion que le web a ses débuts.
Pourquoi ce déferlement amve-t-il maintenant ?
J-PLC : Le marché du paiement par mobile est mature. D’abord parce que les telephones connaissent un taux de pénétration sans précèdent, ensuite parce qu’ils ne sont plus utilisés uniquement pour téléphoner. Leur dernière évolution, les smartphones, en font des supports d’applications innombrables. Le paiement mobile y a donc toute sa place. Mais il ne se cantonne pas au téléphone. Prenez une carte de paiement, ajoutez lui un clavier, un écran et la technologie de communication sans contact NFC, et vous avez un terminal de paiement mobile capable, en outre, d’embarquer de nombreux autres services.
Peut-on estimer l’ampleur du phénomène ?
J-PLC : Aujourd’hui déjà, certaines grandes surfaces distribuent des cartes NFC qui, à terme, pourraient devenir multi-usages. Cela représente des millions d’utilisateurs. Par ailleurs, Apple et Google ont adopté les puces NFC : un million de téléphones seraient concernés dès l’année prochaine. Sans oublier les opérateurs - Orange, Bouygues Telecom et SFR qui annoncent tous des solutions de paiement en ligne sur les mobiles, en reprenant les principes du leader mondial Paypal, et en y ajoutant la mobilité. Au final 60 millions de porteurs potentiels de mobiles seront en mesure d’utiliser ces nouveaux moyens.
Ces géants ne risquent-ils pas de se livrer bataille pour la domination de leur technologie ?
J-PLC : En effet, nous assistons à une explosion de moyens de paiement par mobile. Les technologies qui domineront seront sans nul doute les plus simples du marché, les plus économiques et les plus massivement adoptées. Mais on peut également imaginer —au pôle TES, nous y travaillons actuellement— que les paiements NFC et en ligne se combinent. Les antennes NFC entrant dans les maisons, mais aussi dans les commerces et bientôt dans les voitures, ils offriront de nombreux services, qui restent à développer. Ces deux technologies majeures représentent deux vecteurs différents autour desquels l’écosystème entier (les operateurs, les encarteurs, les banquiers) coopère.
Sur quels types d’usages travaillez-vous ?
J-PLC : Ils sont innombrables et sans limite géographique. On peut ainsi imaginer des transferts d’argent en peer to peer, ou bien la possibilité de répondre aux besoins des populations non bancarisées dans de nombreux pays émergents. Nous nous situons au confluent de toutes ces transformations générées par la mobilite. À nous d’en tirer le meilleur parti et d’éviter, si possible, la domination des géants mondiaux. Dans le cadre des investissements d’avenir, notre projet de plate-forme mutualisée d’innovation constitue un investissement majeur, elle permettra l’intégration de tout nouvel usage dans un éco-système global, avec le « look and feel » d’un App Store, mais indépendant des cartes ou téléphones, et traitant aussi bien les technologies en ligne que NFC. Le meilleur moyen de fédérer d’innombrables services sans être inféodé à qui que ce soit, et en créant localement de la valeur.
Propos recueillis par Corinne Zerbib
